Dimanche 27, nous sommes « descendus » sur Santa Fe mais ce fut en fait une montée très légère : de 2012m à 2149m ! Là, le centre-ville contraste avec toutes les autres villes visitées car il a une certaine unité dans un style inspiré des pueblos, les villages indiens précédant la colonisation :
Nous avons arpenté ce mini centre-ville historique et visité l’ex palais des gouverneurs dans lequel un très intéressant musée retraçait l’histoire du Nouveau Mexique. Voyez la simplicité du bâtiment datant de 1610 dont l’auvent est occupé par les vendeurs de bijoux indiens :
Avec la visite d’un autre musée montrant une incroyable collection de sujets et personnages folkloriques miniatures issus du monde entier avec une prédilection pour les Amériques, nous avons décidé de ne pas rester plus longtemps à Santa Fe. La soirée et la nuit furent passés sur le parking d’un supermarché et du coup les réapprovisionnements furent faits :
Le lendemain, ce fut la «Turquoise Trail» c'est-à-dire la route des vins mais pour la turquoise qui fut intensément extraite dans la région. De fait, Cerrillos, la première «ville», avec seulement 3 rues, ressemblait à une ville fantôme dont les bâtiments «historiques», poussiéreux et crasseux, attendaient un sort incertain :
Incroyable mais vrai, cette ville qui a compté 21 saloons et 4 hôtels à la fin du 19° siècle a eu la visite de personnages célèbres dont Sarah Bernhardt venue y jouer et Théodore Rosevelt, président des Etats Unis ! Plus loin, Madrid, une autre «ville» qui avait fait sa fortune dans les mines – même de charbon – s’allongeait le long de la route ; elle avait été reconquise par les «artistes» et vendeurs de tous poils :
S’embranchant sur cette Turquoise Trail, une route de montagne nous a emmené au Sandia Peak, sommet culminant à 3254m et dominant la ville d’Albuquerque de 1650m !
La fin de la journée fut consacrée à aller, 140 km plus loin, nous installer sur le parking du casino d’une autre réserve indienne dont on visitera le pueblo le lendemain. Là, en plus d’un dîner bon marché, d’un bon de réduction de $10 sur l’essence et de la wifi gratuite, une laverie présente au supermarché jouxtant le casino a permis à Catherine de faire toute la lessive ! Merci les Indiens !
Pour relier Albuquerque et Santa Fe, on a pris une route touristique à travers des montagnes dont le cœur est constitué par un super volcan dont la dernière éruption a créé une vaste caldera de 26 km de diamètre. Les flancs de ce volcan sont entaillés de profonds canyons comme celui de la rivière Jemez que nous avons remonté. Des sources chaudes sont le témoin de ce passé volcanique :
Des falaises jaillissent d’une forêt de grands pins ponderosa :
Remarquez la hauteur de celui-ci, au pied duquel Catherine a pris la pause
La caldera, à près de 3000m, est couverte d’herbe encore jaune après la fonte des neiges :
A ces altitudes, nous avons retrouvé l’hiver, moins 2° à 8H, 5° à midi avec un vent violent… Les pentes du volcan sont constituées de tuf creusé en canyons par les rivières dans lequel les ancêtres des indiens pueblos actuels ont construit leurs villages aux 13°, 14° et 15° siècles
Nous avons passé la journée à flâner dans ces ruines par un temps agréable mais toujours aussi frais. Il y avait trois types d’habitations : un village en couronne dans le fond du canyon, constitué de 400 pièces aveugles disposées sur 3 étages avec accès par le toit uniquement ;
Une longue série de maisons de 240m, accolées à la base de la falaise, partiellement troglodytes utilisant de petites cavités naturelles ;
un vaste abri sous roche à 42m au dessus du sol, accessible par des échelles et des marches taillées dans la roche :
Catherine a quand même réussi à monter et même à redescendre, la curiosité étant la plus forte !
Deux arrêts intéressants lors de la remontée de la vallée du Rio Grande jusqu’à Albuquerque : en pleine nature et loin de tout, un musée moderne et bien fait racontait l’histoire de «El Camino Real» : c’est l’ancienne route espagnole de Mexico à Santa Fe qui a permis la colonisation, la conversion des populations indiennes et le développement du commerce. Le deuxième arrêt à «Bosque del Apache National Wildlife Reserve» : c’est une zone marécageuse en cours de réhabilitation qui sert de halte ou de zone d’hivernage à de très nombreux oiseaux migrateurs. Malheureusement, ils étaient presque tous partis ! Il y avait tout de même beaucoup de canards, des foulques et d’autres «fouilleurs» :
Des tortue paresseuses se chauffaient au soleil tandis que d’autres nageaient
A côté de nous, trois deers comme celui-ci ont traversé le marécage :
Nous avons passé – gratuitement – la nuit sur le parking du Sandia casino, établi sur une réserve indienne proche de la ville, et nous en avons profité pour dîner à bon compte au buffet de ce casino. Le lendemain matin, nous avons visité l’Indian Pueblo Cultural Center, un musée présentant les cultures indiennes des 19 Pueblos de la rfégion : tissages, poteries, habitat, coutumes, … L’après-midi, un arrêt sur la vieille place centrale de cette ville de 900 000 habitants : la plazza avec la plus vieille église datant de 1706 :
Après avoir quitté la ville, nous avons fait une halte à côté du pueblo de Jemez pour admirer les rochers voisins : les Jemez Red Rocks
Un peu plus loin, au fond de la vallée aux parois encore rouges, un camping dédié aux pêcheurs nous attendait :
Le paysage ici est bien différent de celui des déserts avoisinants, avec de l’eau, des grands arbres, du relief et de la fraîcheur !
Nous avons franchi la dernière chaîne de montagnes pour arriver au bord des grandes plaines qui s’étendent jusqu’au Mississipi et au-delà… D’abord une station de ski ressemblant à une combe du Jura, mais à 2600m d’altitude
Je n’ai ressenti aucun trouble cardiaque et nous avons fait la «corvée de bois» en ramassant du bois mort au bord de la route pour le stocker dans le grand coffre ; ainsi, pas de problèmes d’alimentation des feux du soir.
Dans la région, les grandes plaines ont plutôt l’aspect de hauts plateaux couverts d’herbes jaunes, s’étendant à l’infini ;
c’est le domaine des ranchs et de l’élevage extensif:
Les massifs calcaires bordant ces plaines, restes de récifs formés par l’accumulation de coquillages, d’éponges et d’algues, sont truffés de grottes parfois de taille impressionnante comme les Carlsbad Cavern que nous avons visité. Nous avons parcouru en 4 heures 6 km en visite libre, sur un excellent chemin goudronné, empruntant d’abord une très vaste entrée naturelle
pour descendre un dénivelé de 240m, et contourner ensuite une salle immense de 2 km de circonférence. Ce sont ces proportions gigantesques qui sont impressionnantes ainsi que la taille des colonnes et stalagmites dont la beauté ne peut rivaliser avec nos plus belles grottes. Dans la région, une autre grotte inconnue jusqu’ici car dépourvue d’entrée naturelle, vient d’être explorée sur une longueur de 160 km et son accès restera réservé aux scientifiques afin de préserver sa pureté ! Aux Carlsbad Caverns, les rangers et des volontaires se contentent de dépoussiérer méticuleusement le chemin emprunté par les touristes, à l’aide de balayettes et de pinces, à la lueur de lampes spéléo !!! Nous n’avons pas osé les photographier… Pour ne pas introduire de poils de chiens, un chenil est mis gratuitement à disposition, car au-delà d’une température extérieure de 21° - ce qui est très courant – les visiteurs laissant leurs chiens dans leur voiture se voient infliger une amende. Les centaines de milliers de chauve-souris qui arrivent du Mexique à la fin du printemps pour mettre bas et élever leurs petits dans une partie des grottes sont, elles, autorisées à souiller les lieux…
LE CACTUS ORGAN PIPE
C’est l’autre grand cactus du désert de Sonora, à l’extrême sud-est de l’Arizona. A la différence du saguaro, il n’a pas un tronc unique mais un faisceau de branches partant du sol en bouquet, ce qui lui donne une allure buissonnante.
Chaque branche est soutenue par une côte rigide entourée de chair.
Il est moins haut, ne dépasse guère 4,5 m et ne vit que 150 ans. Comme le saguaro, il ne fleurit que la nuit et est pollinisé par les chauves souris.
C’est un nouvel arrivant dans la région venu du Mexique. Originaire des régions subtropicales, il a commencé sa migration vers le nord avec le réchauffement de la fin de la dernière glaciation. Il ne pénètre actuellement pas à plus de 100 km à l’intérieur des USA et n’est vraiment présent en abondance que le long de la frontière mexicaine dans le parc qui porte son nom.
Les scientifiques s’attendent à ce qu’il continue sa progression vers le nord avec le réchauffement climatique.
En abimant les tissus des extrémités, le gel crée des zones resserrées comme des anneaux le long des branches:
QUELQUES AUTRES PLANTES
Il n’y a pas que des cactus dans le désert de Sonora, qui est même très vert. Les indiens utilisaient de nombreux buissons pour leur vertus alimentaires ou médicinales. Certaines plantes attirent l’attention par leur aspect étrange.
L’Occotillo ressemble à un cactus avec ses longues branches en filaments hérissées d’épines mais n’en est pas un.
Il a l’air mort car il est dépourvu de feuilles la plupart du temps. Dès qu’il pleut, il fleurit à chaque extrémité, toujours sans feuilles et retourne à l’état de tronc nu quand elles fanent :
Voici un détail de cette fleur :
Il faut que la pluie soit très abondante pour que de très nombreuses petites feuilles vertes sortent tout le long du tronc, l’emballant comme d’un manchon
Il survit facilement sans feuilles car il possède de la chlorophylle dans le tronc qui se charge de la photosynthèse. Ses «branches» servent beaucoup dans les constructions des indiens souvent pour la couverture des toits ou des abris devant les maisons.car elles sont assez solides. Voici un dessus d’abri pour une cuisine extérieure :
Le Palo Verde est un buisson à l’allure générale plus classique qui, lui aussi, malgré la présence de feuilles, fait la photosynthèse avec son tronc et ses branches, colorés en vert-jaune éclatant :
C’est la ‘nurse plant’ préférée du saguaro ; voici un Saguaro qui n’a pas encore fait crever sa nurse :